Bonjour à toutes et à tous,*
Vous savez que je mets en avant les médecines douces, basées sur les plantes malgré mon passé pharmaceutique.
Leur efficacité dépend d’abord du bon diagnostic de votre médecin et/ou de votre praticien de santé.
Elle dépend également du choix des plantes, des techniques d’extraction, du dosage, du séchage, de la forme galénique…
Mais très souvent en session, je réalise qu’une majorité d’entre vous faites un amalgame sur toutes ces médecines dites « douces ». On confond régulièrement l’homéopathie avec la phytothérapie.
Pour ceux que cela intéresse,
un éclairage s’impose sur l’homéopathie
L’homéopathie est une branche des médecines douces que je respecte car elle ne fera jamais de mal. L’idée ici n’est pas de cliver les partisans d’une médecine soit elle douce par rapport à une autre mais d’expliquer simplement de quoi il s’agit.
L’homéopathie a été créée par Samuel Hahnemann un saxon contemporain de la révolution française.
Elle repose sur 3 piliers fondateurs :
*Le principe de similitude (on soigne le mal par le mal).
Avec la phytothérapie, je vais utiliser le principe d’opposition: vous avez par exemple une inflammation, je vais vous conseiller une plante apaisante et anti-inflammatoire; l’homéopathie prend le chemin opposé en conseillant une molécule qui « enflamme » encore plus.
*Le principe de dynamisme (qui transfèrerait les propriétés de la molécule à l’eau).
*Et le plus important qui ferait d’Hahnemann un « génie » : le principe de dilution ou de la mémoire de l’eau.
En bon français, la dilution est telle qu’on ne retrouve même plus la trace de la molécule « soignante » de base. Hahnemann prétendait que plus la molécule est diluée (jusqu’à plusieurs centaines de fois), on ne la trouve plus dans l’eau, juste son empreinte, plus le résultat est efficace.
Un exemple concret, quand vous prenez de l’aspirine, du paracétamol en pharmacie ou ma Vitamine C « Ester » de chez Natur Ayur, si vous souhaitez une efficacité accrue, vous augmentez son dosage : 1000 mg seront préférables à 500 mg etc. Dans le cas de l’homéopathie, c’est l’inverse : moins il y a de présence de la molécule de base, plus c’est puissant grâce à la prétendue mémoire de l’eau qui permet d’amplifier l’effet de l’actif qui a quasiment disparu dans une extrême dilution.
À ce stade, je sens que j’ai déjà perdu la moitié d’entre vous…
Essayons d’y voir plus clair en prenant un exemple, celui de la meilleure vente d’homéopathie en France, l’oscillococcinum.
La préparation fut définie au début du XXe siècle, par le médecin Joseph Roy, qui crut découvrir, lors de son service militaire, un nouveau micro-organisme qu’il baptisa « oscillocoque ». Je précise qu’il a été démontré que l’oscillocoque n’existe pas. L’Oscillococcinum est préparé à partir d’autolysat de foies et de cœurs de canards de Barbarie.
Le fonctionnement :
Étape 1 :
On prend une quantité infinitésimale de foie de canard de barbarie (l’actif) que l’on verse dans une éprouvette vierge. On remplit l’éprouvette d’eau et on secoue le tout (principe de dynamisme).
On obtient ainsi un soluté composé à plus de 99% d’eau et de 1% de foie de canard de Barbarie.
Étape 2 :
On verse une goutte du contenu de la première éprouvette dans une seconde éprouvette vierge. On remplit cette éprouvette d’eau et on secoue le tout. Nous obtenons une concentration de 1 CH (1 CH = Une Concentration Hahnemanienne). Dès cette deuxième étape, notons qu’il ne reste plus trop d’actif dans l’eau…juste des traces infinitésimales.
L’oscillococcinum est distribué à une dilution de 200 CH.
Oui, à 200 reprises on verse une goutte de l’éprouvette précédente dans la nouvelle, on remplit d’eau cette nouvelle éprouvette, on la secoue et on recommence.
Au bout de 200 répétitions, on ne retrouve presque plus aucune trace de l’actif, la molécule curative de départ, on a juste de l’eau qui serait imprégnée (comment?) des bienfaits de la molécule de base, ici le foie de canard de Barbarie.
Je me permets de mettre le lien du site du laboratoire Boiron, distributeur du produit pour montrer que je n’invente rien :
Mises en garde et précautions d’emploi
OSCILLOCOCCINUM® ne peut se substituer à la vaccination contre la grippe saisonnière.
Ce médicament contient du saccharose. Son utilisation est déconseillée chez les patients présentant une intolérance au fructose, un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose ou un déficit en sucrase/isomaltase (maladies héréditaires rares).
Ce médicament contient du lactose. Son utilisation est déconseillée chez les patients présentant une intolérance au galactose, un déficit en lactase de Lapp ou un syndrome de malabsorption du glucose ou du galactose (maladies héréditaires rares).
Autres médicaments et OSCILLOCOCCINUM®, granules en récipient unidose :
Informez votre médecin ou pharmacien si vous prenez, avez récemment pris ou pourriez prendre tout autre médicament.
OSCILLOCOCCINUM®, granules en récipient unidose avec des aliments, des boissons et de l’alcool :
Ce médicament est à prendre à distance des repas.
Grossesse, allaitement et fertilité
Compte-tenu de la hauteur de dilution, et malgré l’absence de données expérimentales et cliniques suffisantes, OSCILLOCOCCINUM® peut être pris pendant la grossesse et l’allaitement.
OSCILLOCOCCINUM®, granules en récipient unidose contient du saccharose et du lactose.
Le prix de ce médicament naturel varie entre 22 et 32 euros (entre 700 et 1000 euros le kilo).
https://www.unooc.fr/homeopathie/boiron-oscillococcinum-etats-grippaux-15023.html
Une autre référence intéressante sur l’effet placebo de l’oscillococcinum :
L’oscillo : un placébo à 1000 euros le kilo ?
Après une demi-journée de recherche sur les publications scientifiques qui touchent de près ou de loin l’oscillococcinum ou les médicaments homépathiques contre les états grippaux, il n’y a qu’une seule conclusion possible… J’ai utilisé dans le passé l’oscillococcinum et n’ai obtenu aucun résultat probant contre ma grippe mais cela ne veut rien dire.
L’oscillococcinum semble être un PLACEBO. La science, indépendante et de qualité, parait unanime. Une preuve pour vous chers lecteurs, et pour le service juridique des laboratoires Boiron=>
Deux méta-analyses réalisées en 2000 et en 2006 par deux chercheurs en médecine complémentaire au Royaume-Uni concluent que les essais réalisés sur plus de 3000 personnes ne montrent aucun effet préventif de l’oscillococcinum sur la grippe et tous les états grippaux associés (1,2).
Lors de la 2e méta-analyse en 2006, les chercheurs en arrivent à la même conclusion qu’en 2000: « l’oscillococcinum ne peut pas être recommandé en premier lieu pour le traitement de la grippe ou des états grippaux ».
Une autre méta-analyse publiée en 2005 par 3 chercheurs conclue que les propriétés généralement attribuées à l’oscillococcinum, surtout en France, ne sont supportées par aucune preuve actuelle (3).
Ce n’est pas tout. En 2007, une autre méta-analyse publiée dans l’American Journal of Medecine, conclue que « la prévention de la grippe saisonnière n’est pas établie scientifiquement » pour l’oscillococcinum (4).
Il est à noter que je n’ai trouvé qu’une seule étude qui attribue des effets bénéfiques à l’oscillococcinum dans le traitement des symptômes grippaux. Cette étude publiée en 1998 a été financée par les laboratoires Boiron en personne, et l’on note la présence d’un personnel du laboratoire parmi les auteurs de l’étude (5)».
Notes et références
- Vickers, A. J., & Smith, C. (2000). Homoeopathic Oscillococcinumcoccinum for preventing and treating influenza and influenza‐like syndromes. The Cochrane Library.
- Vickers, A. J., & Smith, C. (2006). Homeopathic Oscillococcinumcoccinum for preventing and treating influenza and influenza-like syndrome (Review). Cochrane Database Syst Rev, 3.
- J.C. van der Wouden, H.J. Bueving, P. Poole, Preventing influenza: An overview of systematic reviews, Respiratory Medicine, Volume 99, Issue 11, November 2005, Pages 1341-1349
- Ruoling Guo, Max H. Pittler, Edzard Ernst, Complementary Medicine for Treating or Preventing Influenza or Influenza-like Illness, The American Journal of Medicine, Volume 120, Issue 11, November 2007, Pages 923-929.e3
- Rosemarie Papp, Gert Schuback, Elmar Beck, Georg Burkard, Jürgen Bengel, Siergfried Lehrl, Philippe Belon, OscillococcinumcoccinumR in patients with influenza-like syndromes: A placebo-controlled double-blind evaluation, British Homoeopathic journal, Volume 87, Issue 2, April 1998, Pages 69-76
En clair, la meilleure vente d’homéopathie en France est une dilution extrême dans de l’eau d’une erreur médicale, le foie de canard de Barbarie qui n’a jamais soigné quoi que ce soit en tant que substance non diluée.
Il serait tentant de dire qu’il s’agit à 99,999999% d’eau, de sucre et de lactose vendu entre 700 et 1000 euros le kilo.
Il est intéressant de constater également que l’homéopathie est la seule discipline médicale dont les produits sont dispensés d’une preuve d’efficacité. Ce fait simple est juste INCROYABLE… même une molécule chimique doit démontré une efficacité pour obtenir les AMM et accéder au sacro-saint remboursement par la sécurité sociale.
Les AMM (Autorisations de Mise sur le Marché) sont obtenus uniquement sur la base de l’innocuité.
Toutes les études cliniques en double aveugle ont démontré que l’homéopathie ne fonctionne pas.
La France représente 90% du marché mondial de l’homéopathie ce qui laisse songeur pour une médecine vieille de plus de 2 siècles. Qu’avons-nous compris nous Français que les autres pays n’ont toujours pas saisi en 200 ans ? Cela pourrait s’expliquer par le remboursement de la sécurité sociale de l’homéopathie en France là où la phyto n’a pas les AMM et n’est pas remboursée par l’impôt des contribuables français.
En conclusion
Ainsi se conclut la note de ce jour qui n’a pas pour vocation de condamner l’homéopathie mais plutôt d’expliquer avec un exemple précis quelle est sa différence avec la phytothérapie.
La phytothérapie est de l’allopathie naturelle avec un actif (plante) qui doit être bien dosé et dont l’effet sera de calmer un mal.
Nous sommes dans le principe d’opposition et non de similitude. La phytothérapie ne fonctionne qu’en cas de dosage et assimilation suffisants et si des essais cliniques ont été effectués pour démontrer son efficacité sur une pathologie donnée.
J’espère ne pas faire hurler les utilisateurs chevronnés de l’homéopathie qui vont s’exclamer : « l’homéopathie a toujours marché dans mon cas !» mais apporter des faits concrets qui permettent aux novices de comprendre le fonctionnement de ces 2 médecines naturelles.
Portez-vous bien,
Jérôme
*Attention, cette note de santé est informative et n’a pas vocation à remplacer l’avis de votre médecin traitant. Tout complément alimentaire doit être utilisé dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée et d’un mode de vie sain. Méfiez-vous des contrefaçons de compléments alimentaires et exigez un certificat d’authenticité.